Les géants de la technologie, tels qu’Apple, Google ou Samsung, utilisent l’IA comme un véritable ciment, non seulement pour améliorer l’expérience utilisateur, mais surtout pour verrouiller leurs clients dans des écosystèmes fermés. Ils développent des modèles d’AI-as-a-service qui reposent sur les données personnelles des utilisateurs, rendant chaque changement de marque plus complexe et coûteux.
En effet, pour entraîner des modèles IA, ces entreprises ont besoin d’énormes quantités de données personnelles. Chaque élément que vous partagez — vos achats, votre emploi du temps, vos messages, vos photos — devient un trésor pour ces géants du numérique. Ces données permettent une personnalisation fine des services, créant ainsi une dépendance croissante. Comme l’explique Nic Benders, Chief Technical Strategist chez New Relic : « Pour entraîner vos modèles IA, vous avez besoin de données. Qui sait le plus de choses sur vous ? Qui a vos photos, vos e-mails, vos messages ? ». Ce monopole sur les données personnelles rend le passage à un autre écosystème extrêmement coûteux et chronophage pour l’utilisateur.
L’augmentation des coûts de changement
Le verrouillage des utilisateurs ne repose pas uniquement sur la qualité des services proposés, mais aussi sur les coûts de changement élevés — a mina, en temps. Passer d’un écosystème comme celui d’Apple à un autre, tel qu’Android, ne se limite pas au simple achat d’un nouveau téléphone. Cela implique de perdre l’accès à toutes les données, préférences et personnalisations accumulées au fil du temps. Chaque assistant vocal, chaque algorithme d’IA, dépend des informations récoltées pour offrir une expérience utilisateur enrichie. Ainsi, passer d’un iPhone à un Android revient à recommencer à zéro, ce qui décourage de nombreux utilisateurs.
Nic Benders ajoute : « Introduire de nouveaux outils implique des différences dans les mises en œuvre, augmentant ainsi l’enfermement des utilisateurs. » Même lorsque les fonctionnalités proposées semblent similaires entre différents acteurs (Apple, Google, Samsung), elles reposent sur des architectures techniques si distinctes que le transfert des données et de la personnalisation devient particulièrement complexe, voire impossible dans certains cas.
L’IA comme vecteur d’enfermement
Les fonctionnalités IA des grandes entreprises sont conçues pour maximiser la personnalisation et, par conséquent, l’attachement à la plateforme. Prenons l’exemple de l’iPhone 16, dont l’IA permet d’améliorer les interactions vocales, d’organiser vos photos à l’aide de la reconnaissance faciale et même de créer des vidéos automatiquement. Toutes ces fonctionnalités sont basées sur l’historique personnel de l’utilisateur, ce qui rend difficile le passage à une autre plateforme. Changer d’écosystème, c’est perdre cette personnalisation, et forcer l’IA d’une nouvelle plateforme (comme Android) à réapprendre de zéro, rendant ainsi le changement bien moins attrayant.
SocialAI : un exemple d’enfermement par l’IA
Un réseau comme SocialAI illustre bien l’enfermement par l’IA. Ce réseau social, entièrement alimenté par des intelligences artificielles, remplace les interactions humaines par des réponses automatisées. L’utilisateur se retrouve enfermé dans un espace où il n’interagit qu’avec des IA, renforçant ainsi une dépendance numérique, sans échappatoire vers des interactions humaines réelles. Cet exemple met en lumière une tendance inquiétante où l’intimité numérique se construit autour de relations factices, guidées uniquement par des algorithmes. N’hésitez pas à lire notre article sur SocialAI pour en savoir plus sur le réseau.
Dans son livre Nexus, Yuval Noah Harari met justement en garde contre ce type de dérive, où l’IA est utilisée pour créer une intimité numérique dangereuse, aux dépens de la liberté et de l’authenticité des interactions. SocialAI, bien qu’innovant, devient ainsi un nouveau vecteur d’enfermement numérique, où les utilisateurs s’isolent dans des dialogues automatisés, déconnectés des interactions humaines réelles.
Aperçu | Produit | Prix | |
---|---|---|---|
![]() |
Nexus: FROM THE MULTI-MILLION COPY BESTSELLING AUTHOR OF SAPIENS |
20,09 EUR |
Acheter sur Amazon |
Un avenir verrouillé par l’intelligence artificielle
Alors que l’IA continue de se développer, elle renforce la tendance à l’enfermement numérique. L’utilisateur, captivé par la personnalisation des services, voit ses marges de manœuvre réduites. Apple, par exemple, ne vend pas seulement de l’IA en tant que telle, mais propose une intégration si fluide que l’utilisateur ne perçoit pas immédiatement l’ampleur du contrôle exercé. Comme l’explique Nathaniel Whittemore, « ce que l’IA permet de faire est bien plus redoutable que l’IA elle-même ».
Dans ce contexte, la question de l’interopérabilité devient cruciale. Aujourd’hui, il n’existe pas de véritable portabilité des données pour les modèles IA. Les modèles sont entraînés spécifiquement avec vos données et s’améliorent à mesure qu’ils en collectent davantage. Reproduire ce processus sur une nouvelle plateforme est pratiquement impossible, ce qui empêche les utilisateurs de migrer facilement d’un écosystème à l’autre.
Whittemore avertit également que l’absence d’alternatives est problématique. Les consommateurs, soucieux de leur liberté et de la confidentialité de leurs données, se trouvent dans une impasse. Soit ils abandonnent leur contrôle sur leurs données en échange de services hautement personnalisés, soit ils « désactivent » l’intelligence de leurs appareils, ce qui réduit considérablement leurs fonctionnalités.
Face à ces enjeux, l’idée d’une interopérabilité forcée entre les différents acteurs technologiques reste encore un objectif lointain. Comme le souligne Nic Benders, « l’IA est encore une technologie jeune, avec un potentiel que nous n’avons pas encore entièrement exploré. Nous ne savons pas encore tout ce qu’elle peut faire, ni même ce qu’elle pourra accomplir à l’avenir ».
Dernière mise à jour le 2025-03-26 / Liens affiliés / Images de l'API Amazon Partenaires