Un organisme européen porte plainte contre des éditeurs de jeux vidéo
L’Organisation Européenne des Consommateurs (BEUC) a récemment déposé une plainte contre plusieurs grands éditeurs de jeux vidéo, incluant Epic Games, Electronic Arts, Roblox, et d’autres. La plainte porte sur l’utilisation trompeuse des devises virtuelles dans les jeux, accusant ces entreprises d’inciter les consommateurs à dépenser de l’argent sans en comprendre les implications réelles.
Les devises virtuelles en jeu : un problème juridique et éthique
Le BEUC estime que l’utilisation des devises virtuelles dans les jeux vidéo, qui masquent le coût réel des articles numériques, enfreint la Directive 2011/83/UE sur les droits des consommateurs. En effet, cette directive impose que le prix total des biens et services soit clairement affiché avant la conclusion d’un achat.
En outre, le BEUC invoque la Directive 2005/29/CE sur les pratiques commerciales déloyales. Celle-ci stipule que toute pratique commerciale qui induit le consommateur moyen en erreur, que ce soit par la fourniture d’informations incorrectes ou l’omission d’informations importantes, est interdite.
Les enfants, cibles privilégiées des pratiques trompeuses
Les enfants et adolescents, en particulier, sont les cibles les plus vulnérables de ces pratiques. Selon une étude du Norwegian Consumer Council en 2021, les jeux dits « free-to-play » utilisent des techniques de monétisation agressives et exploitent l’immaturité des jeunes joueurs pour les inciter à dépenser.
De plus, ces pratiques sont contraires à l’article 8 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, qui oblige les États à protéger les enfants contre toute forme d’exploitation économique, y compris dans les loisirs numériques.
Conséquences légales pour les éditeurs de jeux vidéo
Cette plainte pourrait avoir des répercussions importantes pour les éditeurs concernés. Un précédent marquant a été l’amende record de 520 millions de dollars infligée à Epic Games par la FTC américaine en 2022. Cette amende était notamment liée à l’achat de la monnaie virtuelle « V-Bucks » par des mineurs sans consentement parental.
Selon Me. Alex Bouchard, avocat spécialisé en droit des jeux vidéo, « l’Europe doit harmoniser ses normes en matière de jeux vidéo avec celles des États-Unis ». Il affirme que la Commission européenne pourrait, dans le cadre de son Agenda Numérique, adopter une régulation plus stricte sur les achats intégrés dans les jeux vidéo.
Réaction des éditeurs de jeux vidéo
Les éditeurs de jeux vidéo, via l’association Video Games Europe, ont réagi en affirmant que les systèmes de devises virtuelles sont transparents. Ils se réfèrent au système PEGI (Pan-European Game Information), qui assure la clarté des coûts pour les consommateurs au moment des achats en jeu.
Cependant, le BEUC et d’autres organisations de défense des consommateurs estiment que ces pratiques sont encore insuffisantes pour protéger les joueurs, en particulier les plus jeunes.
Vers une régulation plus stricte des achats en jeu ?
Avec cette plainte, le BEUC espère pousser les autorités européennes à adopter des mesures plus strictes. L’objectif est de garantir une transparence totale concernant les devises virtuelles et de mieux protéger les consommateurs vulnérables, notamment les enfants. Ces régulations viseraient également à limiter les mécanismes de monétisation agressifs utilisés dans les jeux vidéo.
Cette affaire pourrait entraîner des changements majeurs dans l’industrie du jeu vidéo. Les régulateurs européens pourraient suivre l’exemple de la FTC américaine et imposer des sanctions plus sévères à l’encontre des entreprises abusant de la confiance des consommateurs.